Acide sulfurique - Amélie Nothomb - Juin 2015 ***

Acide Sulfurique présente un bien curieux studio-télé aménagé en camp d’internement nazi, avec des caméras qui observent en permanence les "habitants" du lieu, en l’occurrence des citoyens ordinaires raflés dans la vie civile pour participer à une sordide émission de télé-réalité, "Concentration". "Concentration", donc… tout un programme. L’héroïne de cette très audacieuse politique-fiction s’appelle Pannonique. Elle a vingt ans, est étudiante en paléontologie, s’est vue soudainement capturer alors qu’elle se promenait au jardin des Plantes. Internée dans le camp, Pannonique – désormais rebaptisée CZK 114 –, devient la mascotte de tous les autres prisonniers et ne manque pas de fasciner à la fois les organisateurs du jeu, les médias et les téléspectateurs. Parmi les kapos chargés de l’"encadrement" et spécialement recrutés pour leur sadisme, Zdena, une jeune femme d’une vingtaine d’années, va vite succomber au charme vénéneux de la prisonnière. Tout va pour le mieux dans le pire des mondes : l’audimat bat des records tandis que des exécutions de prisonniers épuisés ont lieu. Et puis un jour, tout bascule : Pannonique en personne est sur le point de devenir la victime de ces répugnants jeux du cirque télévisuels… Qu’en pense le peuple ?



Ce thème revient régulièrement sous diverses formes. Nous avons eu le film La Vague, qui était sensé démontrer comment le nazisme ne peut soit disant plus exister (tout du moins les dictatures nationalistes) ou bien encore Live ! et son émission sur la roulette russe. Dans le roman d'Amélie Nothomb, on a un mix de ces deux films : le nazisme et ses camps de concentration filmés H24 pour "le plaisir" des téléspectateurs. Ce livre est terrifiant tellement il nous montre les dérives que nous pouvons observer au fur et à mesure. Certes, nous n'en sommes pas envore aux mises à mort en direct (et heureusement), mais il nous permet de nous demander jusqu'à quel point l'Homme peut se déshumaniser au profit de la télévision et autres canaux modernes. Combien ont regardé la mise à mort de Saddam Hussein? Combien ne sont plus choqués par les morts à la télé? Ce livre, bien que décrié est une véritable réflexion sur l'humanité, sur la télévision et le regard que nous portons aux autres. Une vraie expérience de Stanford romancée!!!